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Tchad
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TCHAD 2010
ChassAtlas – Safari Tchad - 18 au 25 janvier 2010

Rendez-vous était pris, nous devions nous retrouver (et en l’occurrence nous découvrir), à Roissy-en-France, aéroport Charles de Gaule, terminal 2E, le lundi 18 janvier à partir de quinze heures avec nos 40 livres …de bagage.

Le pré acheminement et l’attente déambulatoire qui précède l’embarquement laissait le terrain propice à la réflexion et aux interrogations spéculatives sur le séjour à venir, sur les futures rencontres, sur l’impression générale qui allait persister et sur les éventuelles découvertes individuelles qui devaient, obligatoirement, émerger, d’une inévitable intimité.

J’avais conservé par devers moi, d’une précédente expérience malheureuse au contact d’une agence, une certaine forme de circonspection pour ne pas dire de méfiance. Mais, j’observais, scrupuleusement et docilement, la discipline de groupe qui voulait que l’agence réglât les différentes formalités administratives … à son rythme (en dehors du titre de transport que je réserve en exclusivité à mon fidèle ami COOK). Mon attente fébrile fut, toutefois, abrégée par la réception, quelques jours avant le départ des documents attendus, le certificat d’hébergement, l’autorisation de circuler et le « soit-transmis ».

Présentation rapide, debout, voici, donc, Philippe, Mario et Jacques. Nous entrons, ainsi, séance tenante, dans la proximité avec, cependant, la ferme intention de ne pas tomber dans la promiscuité. Le défi sera relevé mais nous garderons la complicité et l’amitié comme séquelles de ces nombreuses heures de communion.

Arrivée du vol AF886, aéroport international Hassan Djamous, N’djamena : accueil chaleureux et efficace, formalités réduites à leurs plus simples expressions alors que le visa se fait sur place. Très vite et avec une certaine surprise, nous sommes en voiture direction Douguia. En réalité, un convoi de cinq véhicules identiques glisse majestueusement sur un parfait macadam et les rives du Chari sont atteintes agréablement en moins d’une heure.

Distribution des clefs. Les habitués, fébriles, choisissent précipitamment. Nous voici devenus des numéros de chambre, ils nous précéderont sur les ardoises jusqu’à la fin du séjour. Nous sommes, de plus et regrettablement, devenus 3 et 1. Un groupe de neuf chasseurs, fidèles à ce poste depuis de nombreuses années, et notre quatuor vont, dorénavant, cohabiter. Au début, dans une stricte séparation de corps et d’esprit mais, plus tard, dans une plus conviviale atmosphère, nous partagerons davantage le verbe et le geste dans une ambiance virilement solidaire, rieuse et bon enfant.

La « Gala » est reine quand il s’agit de nous sustenter mais l’offre est pléthorique. Une simple hydratation avant le grand déballage et nous pouvons, enfin, farcir le sac à viande. La température est proche des 20° C, le sommeil sera sans artifice …mais de courte durée.

Le rythme type du sauvaginier en campagne est à prendre d’emblée sous peine de grave désorientation et d’exclusion (C’est dur …le 3ème jour !) :

-Lever entre 03h30 et 04h45 selon la destination – petit déjeuner et départ pour la passée du matin,

-Retour au campement 11h00-11h30,

-Déjeuner entre 12h00 et 14h00, sous les manguiers, en compagnie des cercopithèques, en surplomb du Chari, température proche des 35°C

-Départ pour la passée du soir 15h30,

-Retour 19h00-20h00,

-Diner sur la terrasse et coucher pour les plus …fatigués entre 23h00 et minuit.

Un véhicule avec chauffeur dans lequel trouvent place, également, les pisteurs-ramasseurs, est attribué pour le séjour à un groupe de 3 à 4 chasseurs et personne n’en déroge ! Notre pilote, féru de musique bretonne, entêté et sourd à nos injonctions de prudence répétées nous ensabla les sinus larga manu. Les différents trajets, le guide suprême préférant ignorer la route, nous ballotaient sur la piste dans le flou du véhicule précédant, de longues minutes durant et malgré l’appréhension d’un éventuel et redouté contact avec le fondement japonais d’en face, l’heure était souvent à l’assoupissement réparateur.

La première impression est souvent la meilleure et elle l’a été ! En effet, la passée du premier matin fut magnifique, particulièrement en diversité de gibier. Peut-être était-ce là un signe du destin ou une volonté délibérée de frapper d’emblée les esprits d’une façon puissante et indélébile. Toutes les autres passées ont été intéressantes à différents point de vue mais aucune n’a égalé la première en euphorie et en envie.

Nous avons, sur le séjour, qui finalement s’est révélé exclusivement gibier d’eau (le groupe nordiste ayant, sympathiquement au demeurant et involontairement, phagocyté notre mince quartette) eu le plaisir et parfois l’apanage de rencontrer parmi les becs plats, une majorité de dendrocygnes veufs mais aussi quelques fauves, des sarcelles d'hiver, sarcelles d'été, des canards armés (peu), des canards casqués, quelques pilets et quelques souchets. En outre, nous avons eu l’insigne privilège de prélever une dizaine de fuligules nyrocas et une sarcelle hottentote, espèces rarissimes s’il en est. Merci à Saint-Hubert pour ce don du ciel ! Côté becs pointus, beaucoup de combattants variés, des chevaliers arlequins, des aboyeurs et quelques barges à queue noire.

Nous avons croisé, presque par hasard, quelques pintades, quelques pigeons de Guinée et autres tourterelles, des gangas du matin et deux francolins. De la même façon, des vols d’ibis sacrés, de grues couronnées, d’oies d’Egypte, toutes espèces protégées, ont impressionné, pour longtemps sans doute, nos rétines, nos mémoires et nos cartes… du même nom.

Pour l’objectif photographique, il en est un qui est, immanquablement magique, le réveil et l’assoupissement de l’astre du jour. Alors que les pupilles sont encore ou déjà dilatées, l’embrasement du ciel avec son camaïeu incandescent que multiplie le reflet intensément écarlate du miroir au sol n’a d’égal que les somptueuses et tapageuses levées de marais au premier bruit étonnant ou détonnant ! Si, par magie, chance ou hasard, ces deux fortunes se réunissent dans l’espace et dans le temps alors vous êtes le témoin d’un véritable et sincère moment d’émotion pure et de bonheur intense. Il n’est, par-dessus tout, pour le chasseur que l’on qualifierait d’amateur dans l’acception princeps du terme, aucune délectation plus puissante ni plus profonde que de voir, choisir, prélever ou immortaliser un oiseau pour sa beauté, pour sa rareté ou pour sa difficulté. Il faut, pour que l’espérance ne le soit pas, pour cela, beaucoup de veine !

Le chef pisteur, Bachir Gombo jouit d’une grande expérience cynégétique (les anciens comme les fidèles parmi ses troupes deviennent intarissables quand ils évoquent le célèbre « club des Argonautes » et ils ont beaucoup de nostalgie dans la voix quand ils se réfèrent au joli temps passé) et connait parfaitement son territoire. Il dirige son équipe d’une main de maître au bénéfice et pour le plus grand confort des chasseurs. Il a, d’ailleurs, été notre seul interlocuteur direct sur tout le séjour.

Deux campements sont mis à disposition par l’organisation :

-Douguia (12°38.427N – 014°49.723E), le campement principal, situé dans un parc boisé de manguiers, implanté en surplomb du fleuve Chari est composé d’une maison type colonial comprenant 7 chambres doubles, d’une maison plus confortable de 4 chambres et de quelques boukarous, chacun agencés en 2 chambres doubles. Toutes les chambres offrent un certain degré d’agrément avec climatisation, douche et WC privatifs. L’organisation propose, également, un service de blanchisserie express. L’endroit dispose d’une grande piscine, d’un billard, d’un salon de détente, de jet-ski et de quad en location, c’est pourquoi la quiétude des lieux est souvent troublée par la présence de touristes venus passer la journée ou le week-end. Nous y avons passé 5 courtes nuits.

-Alkouk (12°51.428N – 014°58.083E), un campement secondaire à deux heures de piste vers le nord (28 km au GPS) composé d’une dizaine de cases doubles, circulaires ou rectangulaires avec trois cabinets de toilette un peu excentrés, d’un âtre à ciel ouvert éclairant et réchauffant l’atmosphère, ne manque pas d’authenticité et de charme par son isolement, son intimité et sa capacité à apparier, à réunir et, plus largement, à rassembler. Nous y avons vécu trois jours simples et vrais.

Un troisième endroit non dénué d’intérêt et de potentialités, Djani, serait à rénover et à développer pour pouvoir accueillir décemment des visiteurs à l’occasion d’un pique-nique ou d’un véritable bivouac.

Les marigots de débordement du Chari ont été nos zones de chasse quasi exclusives. En réalité, nous avons seulement approchés le lac Tchad sans jamais en apercevoir la moindre berge ou une quelconque rive. Il semblerait que les espèces convoitées soient peu enclines à fréquenter les grandes et lisses étendues d’eau du lac lui-même.

Un grand groupe de chasseurs a un intérêt, celui de pouvoir cerner au mieux le marigot et un inconvénient, celui d’attendre parfois longtemps que le dernier placé donne le premier coup de fusil. Certains d’entre nous ont, ainsi, pu contempler de longues minutes de bonnes concentrations de gibiers posés sur l’eau qu’ils ont vu disparaître totalement comme un immense rideau noir qui s’envolerait au point d’obscurcir l’horizon, en moins de deux minutes, dans un vacarme tonitruant.

Un certain rituel a fini par s’imposer, au moment du repas, à Douguia, un peu comme la chaise musicale mais où le dernier assis aurait perdu. Nonobstant ce nécessaire et amusant protocole, la table était sans faille, en cuisine comme en salle, tout était bien et tout était bon, surtout pour ceux qui aiment la soupe le soir ! Comme à l’accoutumée, l’anachronisme provoqué par l’apparition d’une nourriture banale (charcuterie, fromage) dans un cadre et un moment d’exception, a eu son lot de commentaires réjouissants et a fourni une énième occasion d’arroser le verbe et le geste dans une parfaite communion.

Dans la plus pure tradition d’un séjour de chasse qui se respecte, l’avant dernière cène fut mise en scène par le ballet national tchadien. Au son des percussions, sur des rythmes endiablés et envoutés par des corps luisants, pudiquement découverts, empreints de frénétiques soubresauts, nous avons, donc, mangé muets d’observation et de recueillement.

L’ultime matinée de nos deux spectateurs fut bercée par le Chari dans une pirogue motorisée qui nous a permis d’explorer les rives camerounaises et tchadiennes du fleuve frontière à la recherche, entre autres, des chevaux du fleuve qui, finalement, nous ont posé un lièvre (lapin africain).

Personnellement, je retiendrai de ce périple africain que le contact avec des professionnels dignes de ce nom et fiers de l’être, avec des personnalités d’horizons variés et inhabituels et avec des individualités d’exception, nous grandit et nous ouvre à des perspectives inattendues, enthousiasmantes et infinies.

Merci à tous et en particulier au premier cercle qui m’a laissé tellement de bonnes impressions que, plutôt que d’être long, je choisis de les exprimer par une sincère émotion réduite à sa plus simple expression : « Ce sera où vous voulez, quand vous voulez … si vous voulez !».

Tabibu, le 09 mars 2010
Tchad 2010
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